[Penséecrime] « Ca veut dire quoi, d’être REFUSE AU TRI ? »

La question est posée. Criée.
Je ne peux que la relayer.

Où l’on pratique le « tri sélectif »
(mais juste pour mieux jeter de l’humain à la poubelle)

Et devant cet exemple de cruauté par l’absurde, où l’on crée des commissions pour décider qui aura le droit de déposer un dossier (Kafka, un salut), une parole remonte, de Tocqueville, le pouvoir absolu en démocratie à la nature minutieuse et tracassière.

Mais ce n’est pas tout, oh que non, accrochons-nous.
Le cri en retour à de telles horreurs, souvent il me revient sous la forme d’un « mais bordel, qu’est-ce qu’on peut faire, mais c’est horrible ! », et les bras tombés d’effarement, ployant vers la terre.
Là, j’ai la réponse, et elle n’est pas de moi.

Où l’on dit collectivement non à la ‘monoculture du mouton de Panurge’
(décapante expression © une pancarte anti-loppsi2)

De la résistance victorieuse dans ce monde de tracasseries administratives, comme une averse au plus fort de la sécheresse des coeurs. :-)

Malheureusement, il y a un troisième acte, joué de la veille : « lundi 7 mars, à l’embauche à 9h du matin, le préfet lui-même annonce au personnel qui analyse les dossiers qu’il a fait muter tous les employés de l’accueil pour s’être insurgés la semaine précédente. Il amenait avec lui la nouvelle équipe d’accueil. Il a averti tous avec violence qu’il ne tolérerait plus aucune insoumission. » L’insoumission, c’est inbon.
Ah, mais c’est qu’on y tient, hein, côté pouvoir, à l’élevage intensif du mouton. En plus, ça fait monter les chiffres d’exportation de barbaque étrangère, que du bonheur.
Comment il disait, encore, m’sieur Nicolino ? « Apprendre, avec qui le voudra, à regarder les moutons se lever », ah yes !
Bref, bras de fer en cours, affaire à suivre.

Pour rappel de ce qui est en jeu, la préfecture de Bobigny, côté guichets où les immigrés s’en vont faire d’indispensables démarches pour obtenir permis de travail et carte de séjour, c’est ça :

… c’est ça :

« Pourquoi on nous traite comme du bétail ? C’est pas humain de faire vivre ça aux gens. »
(ArticleXI)

… c’est encore ça :

« Tu veux une place ? C’est 20 euros ! »
(Canard enchaîné)

… c’est encore, toujours, trop, c’est trop, ça :

« Si tu ne dors pas ici, tu ne rentres pas. »
(Rue89)

All in all that’s all another brick in the wall of Fortress Europe

 

Warning, des bouts de novlangue ont infiltré les paroles de cet article. Afin de prévenir toute contagion venue d’Oceania, il est préconisé de se précipiter sur la lecture active, la pensée activiste, de la Désobéissance civile du grand Thoreau (doc pdf en lien).

// Current mood : passing the breaking point again (singing with the beautiful boys and girl of the Blackfire band) :

(Pardon de revenir encore une fois, et bien trop rapidement, en mode relais, sur ce sujet bien connu. Mais voilà. Pas moyen qu’on se taise, qu’on se couche, tant que cela ne cessera pas.)

10 réflexions sur “[Penséecrime] « Ca veut dire quoi, d’être REFUSE AU TRI ? »

  1. petitefa dit :

    O_o……….

    On a beau savoir, on ne sait pas. On ne comprend pas. Comment le gars derrière la table peut dormir la nuit. Comment les gens ne pètent pas davantage les plombs.
    Comment l’autre infâme caracole en tête des, etc (j’arrête là avant de trop salir ton blog).

    C’est marronnasse, comme procédé. Vraiment.

    (PS. A vérifier mais je crois que le lien de ton acte 2 renvoie vers l’article de l’acte 1)

    • psycheinhell dit :

      Ca me fait le même effet, impression de frapper l’hallu à chaque pas – alors même que je suis toutes ces horreurs d’assez près et ne pense pas être née de la dernière rafle.

      Mais c’est tellement crade, le mépris cru, l’absurdité cruelle… Pas de respect ni d’honneur…
      Heureusement qu’à tout moment, cela peut basculer, que les gens peuvent dire non, et la résistance se propager comme un feu violent. Comme les grèves de la faim dans les centres de rétention, celles dont on ne sait quasiment rien, juste par le biais de messages passés aux correspondants, une liste de revendications qu’on imagine griffonnée sur un papier, le besoin de dignité réaffirmé, et la dignité ainsi renforcée, de fait. Heureusement.
      Très intéressée du coup de voir quelle sera la suite de c’te histoire, si suite il y a.

      (Ah, thx de l’alerte – et d’avoir suivi les petits fils déroulés ^_^ –, mais chez moi en tout cas ça a l’air bon pour les actes 1 & 2 ! Les liens pointent sur deux articles différents du même blog « Fini de rire », qui se font suite avec presque le même titre – l’intérêt tient dans le ‘ou pas’ final du second ;))

  2. petitefa dit :

    Ah voilà, j’avais déroulé trop vite les petits fils, c’est donc bien ça, et j’ai lu plus sérieusement l’acte 2 – qui relève le niveau humain sinon préfectoral, et remonte le moral, quand même. :)

    Le jour où on voudra la ramener (un « on » institutionnel et soi-disant républicain, disons) avec nos beaux principes et nos grandes déclarations dans le marbre, il y aura un paquet de sales exemples bien pourris à objecter, cela dit. Ces grèves de la faim, oui, que tu m’apprends ou me ré-apprends, (je fais un gros blocage sur les centres de rétention, tellement ça me glace que l’on traite des personnes en détresse de cette  » façon « …), les petites attitudes gestapoïdes, la flicaille, les sondages pré-payés (oui parce que j’ai appris ça dans la journée entre temps !), toute cette merde et tous ces gens qui se lèvent, ou s’accroupissent, toutes ces personnes qui refusent et de moutonniser et de prendre la poussière. Damned, les plus fortes leçons viennent toujours d’ailleurs. :))

    (Et en matière de petits fils en pelote, je pense à la pelote voisine, dès que ^_^)

    • psycheinhell dit :

      About leçons de résistance données d’ailleurs & témoignage de l’intérieur des CRA, en fouinant un peu dans les sources des derniers mails from Cercle de Silence et listes Resf, ai trouvé un lien, un peu en vrac mais bon, reprenant témoignages de sans-papiers enfermés entrelacés de communiqués solidaires.
      Instantanés & instants damnés from Vincennes, France, mars 2011 :
      ==> http://www.millebabords.org/spip.php?article16644

      (A la bourre, sorry, je fais passer l’info brut de forme, mais c’est assez brutal, et fort, pour se passer de commentaires…)

  3. psycheinhell dit :

    Une « visite guidée dans l’enfer des préfectures françaises », pour une piqûre de rappel…
    Ca se passe comme ça depuis des années. Ca se passe comme ça tous les jours. Combien de temps encore laissera-t-on ça passer ?

    « Lundi 11 juillet. Ayant entendu dire qu’il fallait y aller tôt, j’arrive à la préfecture d’Évry à 4h du matin. Il y a déjà 200 personnes ! On m’apprend que les policiers distribuent à partir de 7 heures des tickets : ils n’en délivrent que 150. Je sais donc que je n’en aurais pas. Cependant, les policiers nous assurent qu’on peut rentrer sans ticket mais sans garantie de pouvoir passer. Le guichet ferme à 15h. J’ai posé un RTT, je tente le tout pour le tout. Mon tour arrive à 14h30. Chouette, j’ai bien fait d’attendre. Non! “Il faut venir plus tôt et avoir un ticket pour déposer le dossier.” Naïvement, je demande « Quand plus tôt ?, je suis là depuis 4h du matin ». Un employé m’explique qu’il faut passer la nuit sur le trottoir et essayer d’être parmi les 150 premiers pour avoir un ticket! C’est aberrant! mais il le dit de manière très naturelle. »

    Témoignage complet par là :
    http://becassine.owni.fr/2011/09/visite-guidee-dans-lenfer-des-prefectures-francaises/

    • Petitefa dit :

      Ai pu tout lire, pour une fois. Aberrant comme toujours. Et si je partage, d’évidence, le grand sentiment de honte que d’autres mieux placés devraient normalement ressentir (dans un monde où ils auraient les neurones miroirs à la place du porteuf qui est lui à la place du coeur, si on peut dire), je continue à me demander où sont, que disent, comment réagissent tous ceux qui ont mis ces gus au pouvoir, tous ceux qui * valident * ces pratiques vomitives, tous ceux qui préfèrent ‘suicider’ leur pays par l’endogamie (dys)culturelle et la haine froide.

      La lecture des commentaires a pour une fois (je m’y suis souvent brûlée les doigts à lire des comm’ de partout sur des articles divers) été très instructive, par présence et par absence.
      Le partage des souffrances endurées, les témoignages rajoutés, la colère contre ceux qui ‘choisissent de venir’ même, n’ayant apparemment pas compris, selon l’auteur du §, qu’on était vraiment dans un pays de merde… Tout ça pour la présence et l’ampleur de la cata.
      … Maismais, ils sont où les autres, ceux qui brillent salement par leur absence, ceux qui sont d’accord avec cette politique préfectorale et gouvernementale ?? Pourquoi on ne les entend pas, là, tu vois le truc ?? Ceux qui n’ont pas honte, quoi. Moi j’en ai assez qu’on soit trois pelés ou quasi à s’intéresser au sort des autres, assez de cette grosse vague de silence qui déferle tristement, et lâchement, chaque fois que tu apportes un témoignage, un constat accablant, un cri, tu vois. Putain mais ne seraient-ce que nos potes, ils sont où ?? (et quand bien même ta màj date de ce soir même, ce n’est pas le cas du billet que tout le monde a eu le temps de lire tranquillement, là…)
      Alors OK ils ont peut-être mieux à faire que de traîner dans des lieux militants, des lieux comme ici, énervés et sidérés par cette violence terrible et omniprésente, mais quand même… ça m’énerve prodigieusement. Quand il s’agit de jouer à des jeux de merde sur facebook, de poster de photos bourrées ou de se mettre à cinquante quatre pour se souhaiter bonnanniiiiiiiiivv alors qu’on n’y pense que dalle les 364 autres jours de l’année, bah là y a du monde, là y sont connectés les gens, et pendant des plombes. Et je ne parle, là, même pas des foules anonymes qui doivent bien composer un certain électorat pas beau du tout, pas classe du tout, de ceux qui nous collent du fascisme à l’état pur (et des exemples de Roms déportés en trains RATP pas plus tard que la semaine dernière, si l’on trouve que j’exagère), je parle juste de nos connaissances, quoi, nos amis, nos relations, nos ceux-qu’on-aime-bien parce qu’on croyait avoir tant en commun…

      Rhaa. Bordel. ça y est je suis emportée, que veux-tu, c’est à force ; je ne peux pas me vanter de tant de pessimisme (ou plutôt de rancœur) généralement, mais certains soirs, tu connais itou ce feeling, ça passe moins bien, le silence assourdissant.
      Si on ne m’avait pas expliqué que ce n’était pas fédérateur d’engueuler les gens, je ne me retiendrais pas. Mais punaise, quelle patience faut-il…
      (et si on pouvait tous avoir la grande idée, d’ici quelques mois, de s’abstenir de voter comme des gros nuls :S)

      (et s’il faut, les mêmes liraient des témoignages pareils dans n’importe quel autre pays ils hurleraient à la dictature…)

      End of passage colérique. Et une grosse pensée pour les files d’attente sous la pluie, ceux qui dorment pas loin, et ceux qui passent et qui en pètent de honte, comme nous.

      • psycheinhell dit :

        Hey (& hug, dear),

        « I want to believe… but you caught me at a bad moment, and I can’t » Yes je connais le feeling (comme on parlait sur un récent billet assez colérique aussi), et ce que ça fait chier de voir le monde lui donner raison alors qu’on fait tout pour ne pas se laisser dominer par la bile, pour ne laisser le goût de bile dominer en bouche…

        Ai lu aussi toute l’enfilade de commentaires. L’absence de fachos, well, pas surprenant, ils ne zonent pas trop dans les articles du genre de ceux que lie le Rezo. Le même sujet sur, même pas le Figaro (argh), mais Libé, le Monde, Rue89, y en aurait eu (d’expérience) (douloureuse) pour ramener leur poire en disant que « la loi c’est la loi et pis voilà » et que « marre des étrangers qui viennent nous piquer notre job et notre fric ». En gros (et en crasse).
        Quant au silence assourdissant de la part des autres… ouaip, ça fait un peu mal aux fesses de comparer ce qui fait réagir les gens sur lérézosocio. Même sans parler anniv’ ou jeux débiles ou chaînes girlie (sigh), ça m’estomaque toujours de constater comme le moindre statut de râlerie sur une petite contrariété administrative (sans ampleur spéciale, veux-je dire, parce qu’on sait bien sinon comme l’admin’ peut pourrir la vie quand elle s’y met), chais pas, 15 min. d’attente à un guichet pour que dalle, un fonctionnaire neuneu à l’accueil ou quoi… t’as 20, 30, 50 commentaires solidaires s’indignant tous en choeur. Et à côté, ouaip, sur la situation kafkaïenne des immigrés, rien, ou si peu, si peu. Et puis, cette impression que notre société, et les esprits à force, ne vit plus qu’en mode zapping, avec une short attention span et une perception limitée des liens de continuité. Parce que, parfois, il y a une réaction ponctuelle, une personne qui paraît tomber des nues, et qui s’il faut retombera des nues six mois plus tard sur un autre lien spécialement choquant… mais entre-temps, le système qui broie, les gens brisés, tout ça n’était pas retombé au ciel [Edit : REMONTE, flûte, *remonté au ciel, me remonte tellement toute seule que j’en crashe mes métaphores !], c’était resté par terre, à faire tache sur notre béton constitutionnel… Et on parlait de l’infâme train qui fit tant de bruit : pourquoi, mais pourquoi, bordel, on n’entend pas le même boucan à chaque avion affrété pour un déplacement de Rroms ? (… suis tombée l’autre jour sur cette photo, sur un blog du Monde. Image d’une expulsion de Rroms, en octobre *2009*, il y a deux looooongues années donc : http://a7.idata.over-blog.com/630×315/3/46/43/71/Frederick/2010-09/Roms-vote-Parlement-UE-10-09-2010/1400505_3_3fa5_des-roms-expulses-par-avion-de-lille-en.jpg )
        (et bon, tu l’auras compris mais je le précise pour qui ça pourrait intéresser, bien sûr que c’est important qu’il y ait ces réactions. Juste que je les aimerais moins ponctuelles, plus consistantes, cohérentes, que sais-je)
        Ca me tue, moi, la *durée* de ce truc, l’insoutenable qui se tend, se tend, s’étire et s’étire et devrait logiquement, humainement, finir par péter, et continue pourtant de s’étirer…

        (et pendant ce temps, quand tu écris à la préfecture pour plaider la cause d’une énième famille (et celle des droits de l’homme), on te répond – si on daigne te répondre – que « soyez tranquille, tout se fait dans le respect des lois et sous le regard des juges ». Ouaip, vachement tranquillisée me voilà (hop, un Prozac et tous au lit))

        Bon. Z’offraient des points de vue et des témoignages qui valaient le coup d’oeil, yep, les comments de l’article. Image d’un pays suicidé, plein de plomb dans le coeur…

        Et nous revoilà encore en plein dans le topic de l’empathie, pas vrai ? Comment, non pas la « revendiquer » comme tu disais, mais lui insuffler matière à palpiter derrière les murs d’oubliette où trop l’enferment par mesure de sécurité ou de confort…
        … Et porter haut sa bannière, quand les lois mêmes, faillant à leur rôle d’ancrage humaniste, s’acharnent à en euthanasier le sentiment dans les coeurs…

        Je ne sais non plus de quoi 2012 sera fait. Mais on lâche pas l’affaire, en tout cas.

        « And I say again
        Never give up
        No matter what is going on around you
        Never give up »
        (un de mes talismans pour les mauvais soirs, ça, le regard de ciel clair d’un vieux moine tibétain en exil, lors d’une manif’ Free Tibet)

        :-*

        • petitefa dit :

          (cinq ans plus tard… -_-)

          Oui c’est complètement ça, nous revoilà en plein dans l’empathic topic, qui décidément lance ses extensions végétales partout :)
          (ce qui me rappelle que je n’ai pas remis en ligne notre discussion en cours à ce propos, ça fait X jours que j’ai un onglet ouvert à propos de ça il serait temps que je le fasse !)

          Bon, cela va sembler de la redite, mais mon ressenti est en phase avec le tien, entièrement. Sur la durée incompréhensible, sur le manque de consistance-cohérence des réactions, toujours bonnes à voir à et connaître mais toujours si peu nombreuses, sur la sale gueule de la justice quand elle utilise ses moyens déjà bien ébréchés (service public topic, le retour aussi) pour appliquer des lois parfaitement dégueulasses et criminelles, quand les positions réellement éthiques en deviennent illégales (grosse pensée à Welcome, film qui me revient systématiquement en tête dès que je lis ou croise des infos sur la situation intenable des sans-papiers), et puis bien sûr sur l’écoeurement quotidien à entendre les plaintes individualistes, égocentrées et petit-bras dans tous les coins, pour geindre sur son propre sort pas si miséreux pourtant (topic de la bourgeoise pseudo-engagée, private incursion), alors que * la catastrophe est là *, partout, sur toute la moitié Sud de la planète et progressivement dans les interstices de la moitié Nord aussi, qui se sent de plus en plus envahie et intrusée, malgré ses barrières haut érigées et sa haine apeurée grandissante de tout ce qui est derrière, par cette misère mondiale que la même moitié Nord a creusé de toutes pièces. Pfiou.

          Bon voilà, le fond de colère et de révolte ne change pas, disons que c’est plutôt l’humeur qui prend tout ça plus ou moins sereinement ou anxieusement au fil des jours, diversement colorés d’optimisme ou de pessimisme (et c’est un présent inestimable d’avoir des amis qui comprennent et ressentent tout ça en écho vibratoire, et qui peuvent lancer un gros never give up quand tout cela est un peu trop sombre :))) )

          Bref, je me répète (nous nous répétons ^_^) qu’il est inutile et plutôt décourageant d’attendre que les ‘autres’ (il y a toujours un autre quelque part) bougent, aient un déclic, une vision, une certitude brusque que toute cette société est une injustice fondamentale – foncière même, justement – et une aberration complète. ça ne peut venir que de soi, le regard et la flamme, c’est vrai, et on ne peut pas se permettre d’attendre que ‘les gens’ (encore une entité vaste, vague, et je l’admets assez fourre-tout) réalisent que ce mode de vie consumériste et égoïste * n’est pas bon * et que le traitement des sans-papiers, des Rroms, de tout ce qui a une oreille qui dépasse (et de tous ceux qui voudraient bien manger et vivre dignement, tout simplement…) n’est au final que la conséquence ultime et indissociable de ce mode de vie. On ne veut pas voir, mais putain, ça crève les yeux, ça déborde de partout cette évidence. Donc, on ne peut pas attendre que le quidam (encore lui) réalise ça, parce qu’il est dans le * confort * personnel, même si pas tant de sous, même si. Confort de la vie quotidienne, confort du selfish mind, confort de l’abrutissement par produits, écrans, addictions diverses, ralliement automatique à la non-pensance.
          J’ai mis un gros moment avant de réaliser cette histoire de ‘vie confortable’ et le gant de fer que c’est, en réalité, pour tenir les masses. De fait c’est mon paternel, un jour que nous parlions une énième fois des ravages de l’agro-alimentaire sur la santé humaine (même pas sur les tenants et aboutissants sociaux et environnementaux de la chose, tu vois, juste sur la santé des personnes qui bouffent de l’industriel pensant qu’ils vont économiser – en fait ils vont surtout économiser des neurones inutilisés et surtout quelques années de vie qu’ils ne verront point), qui me fit ce résumé cinglant : « Mais les gens préfèrent leur confort à leur santé ». Blam. La voix de la vérité dans les accents de mon cher papa (^_^), et un signifiant, le confort, qui m’éclaire désormais bien des noeuds de ce labyrinthe emberlificoté qu’est le monde actuel…

          Tout ça pour dire que cela peut paraître un peu hors sujet, à première vue, mais (et jeséketusé) en fait non, nous parlons de la même chose, de la boucle des causes et des conséquences, et du confort des uns (ceux du Nord, pour faire vite) dont la recherche et la pérennité voudraient justifier le traitement abominable de tous les autres (ceux du Sud, et tous ceux en dessous de la barrière). Car comment continuer à vivre dans le confort, je veux dire en y incluant le confort mental, comment continuer à poursuivre sereinement son existence bien au chaud dès qu’on * sait * ce qu’il se passe à l’extérieur, * dehors * les barrières et les murs des maisons et des pays, comment rester tranquille, on ne peut pas, c’est impossible.

          Donc j’ai peut-être un petit bout de la réponse à cette indifférence (ou incapacité temporaire ou chronique, cf. à nouveau l’empathic topic), ce doit être entre autres parce que cela remet trop en cause, euh, ben * tout * ce qui constitue notre vie habituelle d’occidentaux repus, et notre principe de plaisir érigé par l’idéologie capitaliste en règle de vie indépassable. Très difficile, dès lors, d’accepter d’ouvrir les yeux, parce que tout le monde (les autres / les gens / le quidam / etc) n’est pas complètement idiot et se doute bien qu’accepter d’ouvrir les yeux, c’est prendre le risque de ne plus jamais pouvoir les refermer.

          J’achève là pour le moment. Mais cette discussion est sans fin, nous le savons bien ;)

          (et je commence à me dire que pour reficeler un petit billet suffisamment exhaustif, about empathy & others things, il va me falloir piocher dans plein de fils et de pelotes et que si je ne me limite pas, ça va pas être de la tarte :D… Mais j’ai tellement besoin de ne pas laisser le dernier mot à ces enflures néolibérales et assassines ! Tellement besoin de se sentir reconnectés, ressuscités en un sens, retrouvés, résistants et libérés de ces étouffants carcans mentaux et physiques… Bon, faut vraiment que j’y aille, mais sur les routes et dans les roues, le fil continue, je le sens ;)) )

  4. psycheinhell dit :

    Hey,
    On se rejoint encore là-dessus, sur ce truc du confort que tu pointes (je crois bien que dans ma lecture du monde, l’abhorré mot ‘sécurité’ est synonyme, ou gros paronyme, de ce confort-là !). Quand j’évoque des murs, je vois aussi, par extension, le petit univers clos, mental ou matériel, qu’ils ‘protègent’ de toute intrusion. Et le mur, orné d’un petit panneau ‘Do not trespass’, est bien, quelque part, l’image du monde moderne. La « forteresse Europe », la barrière entre les States et le Mexique… les ghettos de riches, réalité architecturale toujours plus répandue… et derrière, un univers restreint, replié sur son confort.
    (je parle bien évidemment des murs que l’on choisit d’ériger, que l’on se donne pour protection, pas de ceux imposés, visant à piéger la misère)

    Yes, il y a quelque chose de pas confortable dans l’empathie. Accepter de se mettre à nu, de mettre bas l’armure. On est exposé, on a froid, parfois, un petit vent désagréable le long de l’échine – ah mais, justement, on sent le vent. On se sent vivant, on se sent vivre, et le monde itou. On est ouvert, on est vulnérable – « and when you open to it, vulnerability is power » (comme chantait Saul Williams dans la belle song ‘Talk to strangers’)
    Affirmation de vie. Comme une plongée dans l’océan, un matin frais de printemps. Si on écoute le principe de plaisir, on garde ses vêtements bien confortables, et on reste au sec sur la grève, voire, bien au chaud chez soi ; si on cherche autre chose, on se jette dans les vagues, on se prend la claque de la vague, on se retrouve embarqué par un rouleau, brindille sans défense, tous repères perdus pour un temps – mais putain, passé l’inconfort, c’te vitalité, cette conscience à vif d’être au monde !… on est nu, on a froid, on est à la merci des vagues et au contact de toute bestiole qui passerait par là, mais qu’est-ce qu’on se sent fort, et en phase avec le Tout. :-)
    Et renoncer à ça pour un peu de confort… sûr qu’il existe des petites boiboites confortables – on les appelle des cercueils.

    Bon, je continue nos petits crossover d’un blog à l’autre et de fb à wp et ne te facilite pas la tâche pour le démêlage de pelote :’D mais voilà, pour l’empathie… on a parlé incapacité fonctionnelle, contagion du courage, etc. Peut-être aussi faudrait-il rajouter la joie célébrée, l’affirmation de vie qui pour moi transcende, en intensité, tout principe de plaisir (tel que notre société de consommation l’assimile, en tout cas). La tête renversée dans le vertige, vers le ciel, les rires dans le vent… ça aussi, je crois, c’est contagieux, ou inspirant (façon poème de St-John Perse, tu vois ?). Par le simple fait d’être vivant à la face du monde, à la surface de la terre, profondément, intensément vivant, on challenge le confort, on appelle les gens à sortir de leurs maisons et de leurs petites représentations.
    Sans même avoir besoin d’aller abattre les murs – ces murs dont on ne peut pas savoir, a priori, quelles nécessités, intimement éprouvées ou juste sociales, superficielles, les ont fait ériger –, sans abattre, donc, inviter au-dehors, vers l’Ailleurs et l’Autre.

    Et même que parfois, ça marche, non ? :-)

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