Depuis un mois que je le lis à petites gorgées, laissant au regard le temps de se poser tandis que les historiens de l’art déroulent la chronologie de la présence animale dans nos oeuvres européennes, le catalogue de l’exposition Beauté animale est devenu comme un fil rouge dans mes explorations. Un mois avec pour miroir la belle Lyonne de Géricault.
Un mois à passer de cabinets de curiosité en planches naturalistes, de peintures en sculptures, de zoos en scènes d’intérieur, avec pour guide ces principes :
L’animal devient un sujet, noble et digne. Il a droit au portrait individualisé et à l’expression des sentiments. Il prend la pose et devient immortel. (…) A travers cent vingt chefs-d’oeuvre de l’art occidental, l’exposition nous renvoie à l’essence même de la beauté animale, mais aussi à son ambiguïté et à sa relativité. Elle pose la question de la laideur, du rejet et de la phobie. Elle nous invite à nous interroger sur les fantasmes et les peurs, mais aussi sur l’humour et l’ironie que nous avons à l’égard de ces êtres prétendus inférieurs.
[Avant-propos de Jean-Paul Cluzel]
Et c’est dans le respect de cet esprit que réside la force de l’ouvrage. Dans le respect, tout simplement. Dans la vérité animale, soeur de la beauté, dans la reconnaissance de l’animal comme sujet, non simple objet d’une oeuvre d’art ou de reproduction, et de ce que l’on peut voir en lui lorsqu’on accepte de le regarder dans les yeux, sans oeillères ni préjugés. Lire la suite