J’étais partie par là, traçant la route sur les pistes de souffrance aborigènes, et la résiliente voie des rêves…
Hasard du surf, j’atterris par ici, sur le projet Wild Touch, et, les yeux brillant, y posai mon paquetage pour le soir. Soirée ciné, soirée rêves éveillés ; ciné-voyage, ciné sauvetage, tant à la majesté écrasante de cette beauté se mêle la conscience, crucifiante, d’une urgence, de l’imminence d’une disparition…
C’était la forêt des pluies
(lien vers la vidéo sur Viméo, sorry, pas le droit de l’importer directement sur wp)
Prologue à un plus vaste projet réunissant le cinéaste Luc Jacquet et le botaniste et inlassable avocat de l’arbre Francis Hallé, C’était la forêt des pluies présente les précieuses images ramenées lors d’un voyage de repérage en Guyane, en 2010. Les images, et l’émotion…
Impression, au coeur de cette forêt primaire, de sentir circuler une joie, primaire aussi, comme une joie de gosse, une ivresse de vie, sans les mines blasées qui servent tant de filtres aux perceptions plus adultes. Un émerveillement qui se manifeste jusque dans les représentations ‘schématiques’ des lieux…
Totale vibration. Totale empathie, aussi, avec le témoignage d’un homme, et son incompréhension face à destruction, son refus. Comment, alors qu’il nous fait partager la merveille d’une telle forêt, ne pas partager en retour ce regard, et sa peine…
… De liane en lien, un autre regard, dans l’empathie toujours, et une douleur accrue. Un regard d’orang-outan victime des dévastations liées à l’huile de palme, et dans ce regard, dans la respiration du corps, dans les gestes manuels, toute la poignante fragilité d’un monde massacré. On retient le souffle, non la colère :
Green
*
… Pas de mots pour conclure ce court billet. La soirée est aux images, vouées peut-être à perdurer au-delà des immémoriaux écosystèmes dont elles témoignent…
(Photo © Alexander Torrenegra, sous licence CC-By 2.0)